Les Ministres des finances de l’Union européenne ont adopté ce matin la première liste noire des paradis fiscaux.
Certains critiqueront cette liste, qui ne contient pratiquement aucune des juridictions mentionnées ces derniers mois dans les scandales révélés par les journalistes et les ONG. En effet, seul Panama y figure. Les îles Cayman, Jersey et Guernesey, Singapour ou d’autres juridictions régulièrement citées sont, elles, absentes.
Dès lors se pose la question de la crédibilité de cet exercice.
Je ne vais pas ici justifier les choix faits par les Ministres des finances ce matin. Ils ont pris leurs responsabilités: cette liste est la leur. Il leur revient de répondre de cette liste, devant les citoyens, la représentation européenne et la société civile.
Cette première liste est bien sûr insuffisante pour répondre au problème global des paradis fiscaux.
Mais elle a le grand mérite d’exister. Et après deux ans de bataille personnelle, je ne vais pas médire sur le travail accompli. Il est substantiel. Cette liste est un pas en avant, elle peut servir de première marche vers un résultat plus ambitieux. Si des suspects évidents ne sont pas sur cette liste, c’est parce qu’ils ont formellement pris des engagements à modifier leur législation, dans un calendrier précis. Ces 47 pays sont sur une « liste grise » – sous surveillance – qui est tout aussi importante que la liste noire elle-même.
Rendez-vous est donc pris. J’attends des Etats membres qu’ils soient implacables dans le suivi:
A très court terme, j’appelle avec la Commission les États membres à mettre en place des mesures fortes et dissuasives contre les juridictions de la liste noire, en complément des mesures défensives au niveau européen.
Dans trois mois, il faudra examiner la situation des pays touchés par les ouragans, exclus du listing aujourd’hui.
Dans six mois, il faudra réexaminer l’ensemble des engagements et s’assurer qu’ils sont tenus.
Dans un an il faudra revoir la liste, en faisant sortir ceux qui ont tenus leurs engagements et en y ajoutant ceux qui n’ont pas tenu parole.
Croyez le, je serai, comme je le suis depuis 3 ans, extrêmement ferme et vigilant dans ce combat contre les paradis fiscaux. La partie ne fait que commencer. Il est hors de question de lâcher le morceau. Vous pouvez compter sur moi!
Pierre Moscovici dit clairement que le travail n’est pas fini, à quand la suite?
Paradis fiscaux : ne lâchons pas le morceau !
Par Pierre Moscovici
article original publié le 5 décembre 2017
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Posté sur le blog par MoDem de l'Eure, dimanche 10 décembre 2017 || Catégorie(s) : Actualité, Au fil de l'actualité, Europe