Longue journée au Mouvement Démocrate aujourd’hui jeudi.
Ce matin, long échange avec le bureau exécutif, cet après-midi discussions graves et mesurées avec les membres du conseil national (pour l’ Eure, François Caillot, Anne Terlez et moi même). Tous les avis se sont exprimés, certains d’entre nous voteront à droite du bout des lèvres, d’autres vont s’abstenir, d’ autres enfin voteront François Hollande. C’est en fait ce que prédisaient nos sondages, éléments tour à tour aimés des uns et détestés des autres en fonction des courbes mais qui hélas formatent un peu l’opinion. Aussi longtemps que les sondages le disaient, aucune réaction de qui que ce soit.
Qu’on se le dise, aucun programme ne nous convenait : ni Hollande ni Sarkozy ne proposait une politique économique satisfaisante, alors que faire ? La question posée le soir du premier tour aurait sans doute eu une réponse différente. Beaucoup disent avoir évolué ces derniers jours, pourquoi ? La course aux voix du Front National est devenue indécente, du moins l’expression d’ une lecture semblable de la situation et les derniers meetings de Nicolas Sarkozy en ont choqué plus d’ un (celui de Toulouse en particulier).
Alors François Bayrou après avoir écouté les avis divergents aujourd’hui a pris une décision qui n’est pas de soutien d’ un programme économique – il est intenable et le PS s’ en rendra compte sans nous – mais il s’est décidé sur les valeurs de respect et d’humanisme qui lui paraissent être communes avec François Hollande, c’est sa décision, ce n’est pas un soutien à un programme mais un désaveu de la course à l’ extrême-droite dans laquelle le président sortant s’est lancé et c’est une décision personnelle, nombreux sont ceux qui membres du MODEM voteront autrement. Il s’agit d’une position personnelle de François Bayrou en aucune manière d’une consigne de vote.
Rapidement, nous allons voir une évolution des politiques en France, nous sommes au centre, tous, unis dans le débat aujourd’hui , avec des positions différentes selon les régions et selon les hommes et les femmes de droite ou de gauche avec lesquels nous travaillons et échangeons au jour le jour. Faut-il encore le répéter, il y a à droite comme à gauche des politiques sérieux, soucieux du meilleur pour leurs concitoyens et nous ne nous rangeons dans aucune chapelle les yeux fermés, cela a été le sens de notre engagement Mouvement Démocrate, en dehors de tout extrémisme ;
Et si Sarkozy avait creusé son échec le jour où il a décidé de nous faire disparaître ?
Politique fiction : Le Président Sarkozy sait qu’ une partie du centre a voté pour lui en 2007, peu séduit par Ségolène Royal, pas plus par lui mais que faire lorsque votre champion n’est plus dans la course ? Au lieu d’ avoir peur de ce centre qui parle de valeurs humanistes, il l’écoute, amende certaines décisions (plus de fichier edwige, plus de bouclier fiscal en période de vaches maigres, moins d’ allusions à l’ immigration, moins de stigmatisations de l’ autre , etc……) en 2012, il retrouve alors un appui pour le deuxième tour et gagne les 3 ou 4% nécessaires pour continuer à mener une politique sérieuse qui éloigne le spectre de la faillite, rend ses lettres de noblesse à la formation et donc prépare l’ avenir de nos enfants.
La réalité : Le Président vainqueur en 2007 en ayant fait rêver les Français, il est doué pour les discours et la simplification,voit un danger au centre et alors tel le héros de bandes dessinées, il fonce , il va écraser le centre, ne pas faire de concessions, des petites voix s’élèvent dans sa majorité pour alerter, balivernes, il a raison envers et contre tous, le Modem doit disparaître. Une cellule est créée à la présidence pour mieux tordre le cou à celui que les postes et les ors de la République laissent indifférents, qui a encore des partisans et des militants : 2012 arrive, on n’y prend garde, sûr d’ écraser tous ceux qui pensent différemment ……….. au deuxième tour, hélas plus de réserve de voix pour gagner, le centre est dubitatif, un peu fragilisé mais lassé aussi de toutes ses attitudes de matamore et avec ou sans la décision personnelle de François Bayrou a déjà décidé de voter dispersé le 6 mai.
Danielle Jeanne
La déclaration d’entre-deux tours de François Bayrou, prononcée jeudi 3 mai.
(Seul le prononcé fait foi ; voir vidéo ci-dessous)
« J’ai examiné depuis deux semaines l’évolution du deuxième tour de l’élection présidentielle, au travers de la lettre que j’ai adressée aux deux candidats, de leurs réponses, des interventions publiques et du débat d’hier soir.
Je l’ai fait au nom d’un courant politique qui a été soutenu au premier tour par plus de trois millions de Français. Au sein de ce courant politique, il est des sensibilités diverses, plus à droite, plus à gauche, très au centre. Et c’est naturel : le courant central du pays quand il est soumis au choix impitoyable de la bipolarisation est forcément divers.
Cette diversité, j’y tiens. Elle est notre nature propre. C’est pourquoi je ne donnerai pas de consigne de vote. Chacun de mes amis, chacun de mes électeurs s’exprimera en conscience. Je sais qu’il y aura des expressions différentes. Et je les respecterai.
Je veux donc vous dire mon jugement personnel.
Nicolas Sarkozy, après un bon score de premier tour, s’est livré à une course-poursuite à l’extrême droite dans laquelle nous ne retrouvons pas nos valeurs, dans laquelle ce que nous croyons de plus profond et de plus précieux est bousculé et nié dans son principe. L’obsession de l’immigration dans un pays comme la France, au point de présenter dans son clip de campagne un panneau « Douane » écrit en Français et en Arabe, qui ne voit à quels affrontements, à quels affrontements entre Français, cela mènera ? L’obsession des « frontières » à rétablir, comme si elles avaient totalement disparu et que nous y avions perdu notre âme, qui ne voit que cela conduit à la négation du projet européen auquel le centre et la droite, autant que la gauche modérée, ont donné des décennies d’action et de conviction ? Et quant à l’idée que l’école, ce devait être l’apprentissage des frontières, qui ne voit que c’est une déviation même de l’idée d’école, qui est faite au contraire pour que s’effacent les frontières entre les esprits, entre les consciences, entre les époques ?
La ligne qu’a ainsi choisie Nicolas Sarkozy entre les deux tours est violente, elle entre en contradiction avec les valeurs qui sont les nôtres, pas seulement les miennes, pas seulement celles du courant politique que je représente, mais aussi les valeurs du gaullisme, autant que celles de la droite républicaine et sociale.
Comment en est-on arrivé là ? Ce sera l’histoire de cette élection, de cette rupture au sein du peuple français, rupture qui vient de loin, rupture économique, sociale et morale. Je ne veux pas voter blanc. Cela serait de l’indécision. Dans ces circonstances, l’indécision est impossible.
Reste le vote pour François Hollande. C’est le choix que je fais. Il s’est prononcé, de manière claire, sur la moralisation de la vie publique dans notre pays. Il aura fort à faire.
J’ai dit ce que je pensais de son programme économique. Je ne partage pas ce programme : je pense que ce programme est inadapté à la situation du pays et encore plus à la crise qui vient, que j’ai annoncée, je crois certaine.
Mais je pense que devant cette crise inéluctable il n’y aura qu’une attitude possible : une unité nationale qui réunira des femmes et des hommes venus d’horizons différents, pour permettre au pays de se ressaisir.
Cette unité nationale, elle ne se réalisera jamais si chacun reste dans la logique des camps anciens, une opposition en embuscade contre une majorité dont le seul but est qu’elle se casse la figure. La situation de notre pays, et encore davantage la situation que notre pays va connaître est trop grave pour cela.
Je ne suis pas et ne deviendrai pas un homme de gauche. Je suis un homme du centre et j’entends le rester. Et je suis certain que le jour venu, il faudra aussi qu’une partie de la droite républicaine soit associée à ce qu’il va falloir faire pour que la France s’en sorte.
Par mon choix, je rends possible pour la première fois depuis longtemps cette union nationale, la vraie mobilisation des Français au service de la France.
Il appartiendra à François Hollande, s’il est élu, de réfléchir à la situation et de prendre en compte cette nécessité pour le pays.
S’il en reste à la gauche classique et à son programme, je serai un opposant, dans une opposition vigilante et constructive. Il faudra une opposition constructive, mais déterminée, quand il s’agira d’empêcher les erreurs annoncées.
Il est des moments dans l’histoire où l’engagement devient vital. Je crois que le moment est venu de franchir des pas décisifs : nous devons tous, où que nous soyons, nous dépasser et nous rassembler pour que la France se reconstruise. »
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