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« Je préfère défendre nos raisons de vivre plutôt que d’excuser les raisons de ceux qui veulent nous abattre » | Modem de l'Eure
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« Je préfère défendre nos raisons de vivre plutôt que d’excuser les raisons de ceux qui veulent nous abattre »

15 novembre 2015

Suite aux événements dramatiques qui ont eu lieu à Paris vendredi soir, François Bayrou a réuni ce samedi 14 novembre à Pau un conseil municipal extraordinaire. Dans son discours de conclusion, le maire a affirmé vigoureusement que nous n’étions pas responsables, collectivement, des dérives fondamentalistes et terroristes qui ont lieu dans notre pays.

« J’ai ressenti hier dans le drame, le chagrin, le bouleversement qui nous touchaient, une certaine fierté, de voir ce que nous appelons l’Etat, c’est-à-dire notre organisation collective d’une société, d’un pays, d’une citoyenneté qui est aussi capable d’une très grande efficacité. J’admire ce que la BRI et le RAID ont fait à l’intérieur du Bataclan et qui, si l’on y songe, aurait pu se solder par un massacre bien pire encore. Il y avait une efficacité, un ordre dans le chaos et une dignité. Rien qui n’apparaisse comme troublé. Au contraire, nous avions sous nos yeux la détermination d’une organisation démocratique et républicaine.
 
Ce que je vais dire maintenant est minoritaire mais je voudrais le défendre cependant. Je sais très bien que ce n’est pas l’air du temps. J’ai eu d’ailleurs sur ce sujet, il y a moins de 48h, un débat avec une essayiste tout à fait brillante. La mode est de dire « qu’avons-nous raté ? » et de battre notre coulpe et d’afficher que nous aurions dans ces dérives une responsabilité.
 
Bien sûr il y a toujours une responsabilité : je suis persuadé que si tout allait bien, s’il n’y avait pas de chômage, s’il n’y avait pas de raté, si les familles étaient stables et sécurisantes pour tous les enfants, les choses pourraient évidemment être différentes, plus heureuses et plus sereines. Mais on ne peut pas considérer que parce qu’il y a des difficultés que nous traversons – elles sont économiques, sociales, familiales, spirituelles – nous soyons responsables, collectivement, notre pays, de ces dérives.
 
L’intégrisme, le fondamentalisme, le terrorisme, ce sont des dérives. Il faut les combattre et ne pas les excuser. Dans le discours qui consiste à dire « nous sommes responsables », vous voyez bien qu’il y a une excuse ! Moi je ne partage aucune excuse sur ce genre de choses ! Je sais bien que l’on peut dire beaucoup de choses, y compris des compromissions diverses et variées et des laxismes divers et variés.
 
Pour autant, l’ennemi, le poison, moi je refuse de penser qu’un pays qui a organisé une éducation nationale, une société comme celle dont nous parlions, soit responsable. Et cela affaiblit la situation de faire croire, et notamment de faire croire auprès de ces jeunes-là, que la responsabilité est ailleurs, dans la société, qu’elle est au fond chez tous ceux qui sont éducateurs, parents…
 
Non ! Nous ne sommes pas responsables ! Nous sommes les défenseurs de tout ce qu’ils veulent abattre ! Nous sommes participants de cette guerre là, et pas responsables des dérives. C’est une trop grande facilité que d’offrir des excuses. Moi je n’en offre pas et n’ai pas l’intention d’en offrir. Je sais que la mode est à se flageller, à battre sa coulpe, à expliquer que tout cela d’une certaine manière n’est pas la faute des criminels, c’est la faute des victimes. Moi je considère que les victimes doivent être solides elles aussi et ne pas accepter de porter cette responsabilité là.
 
Ce n’est pas l’air du temps, mais je préfère défendre nos raisons de vivre plutôt que d’excuser les raisons de ceux qui veulent nous abattre. » 
 

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